Friday 17 April 2009

Doryanthes excelsa 1834


L'Horticulteur Belge vol. 2 1834
fig. 30

Mai 1834

DORYANTHES EXCELSA Correa, Linn. Trans. VI p. 211, t. 23
(introduit en 1800 en Angleterre.) - Planches coloriées de l'Horticult. Belge, Nº 30. (Fam. des Amaryllidées.) Cette superbe plante a comme caractères génériques, une corolle à six pétales, infundibuliforme, très évasée, les pétales recourbés ; les filamens des étamines soudés par leur base au bas des pétales et presque de la même longueur qu'eux; les anthères droites, tétragones, fixées au sommet des filets, recourbées en crochets après la déhiscence des loges. Le style trigone à trois sillons; stigmate trigone. Capsule ovale turbinée, presque trigone, couronnée des vestiges de la corolle , triloculaire , trivalve, ligneuse intérieurement , extérieurement couverte d'une écorce striée, s'ouvrant par l'axe des dissipimens et par les soutures des valves. Semences bi-sériées, planes , réniformes , rugeuses ; le noyau subtriquètre, unilatéral.

Les caractères spécifiques d'après les auteurs sont ceux-ci : racines fasciculées. Feuilles radicales près de 100, de quatre pieds de longueur, de 2 pouces de largeur, ensiformes, glabres, très entières , très minces et cartilagineuses à leur bord , droites, les inférieures recourbées (acumi- nées, d'un vert pale, les caulinaires beaucoup plus petites). La tige ou la hampe naissant du centre des feuilles, droit, de 12 à 18 pieds, cylindrique, d'un vert pâle, à peine de la grosseur d'un pouce ; feuilles linéaires , lancéolées , aiguës, engainantes à la base, planes au sommet , de 2 à 3 pouces de longueur , à leur base larges de 4 à 5 lignes. Capitule presque rond formé d'épis presqu'opposés, ramassés, pauciflores. Fleurs alternes , pourpres , courteiuent pédunculées, les bractées semi-engainantes et les péduncules colorés. Bractées d edessous le capitule grandes, ovales, acuminées, vertes, quelques-unes lancéolées, pour- pres, enveloppant des facicules de 2 à 4 fleurs; deux plus petites delà longueur du germe et du péduncule à chaque fleur Tube de la corolle de 2 à 3 pouces; les pétales linguiformes, obtus , à pointe refléchie, recourbés, de 4 pouces de longueur, de 9 lignes de largeur. Les fîlamens des étamines subulés, un peu gros, pourpres. Les anthères du tiers des filamens, jaunes , le pollen vert. L'ovaire droit, à trois angles émoussés. Le style plus long que l'étamine , pourpre , à trois sillons, le stigmate , à 3 lobes. Nous avons extrait ces renseignemens du sijstema vegetahilium des frères Schultes, vol. 7, première partie, page 732; nous les ferons suivre de quelques additions et remarques.

Cette grande et magnifique plante avait fleuri eu Angleterre en mars 1823 ; elle a fleuri pour la première fois sur le continent à l'exposition jubilaire de la société royale d'agriculture et de botanique de Gand , où elle a obtenu, le l3 mars 1834, le prix de belle culture destiné aux mem- bres delà société. Elle avait été cultivée par M. Auguste Mechelynck, un de nos plus grands amateurs de la Flandre; il nous a permis d'en prendre un dessin et la description, et en cela il a rendu un service à la science. Loddiges, dans son Botanical Cabinet, Nº 765, a publié la figure du bouquet et quelques notes sur la végétation de cette plante. L'individu qui a fleuri chez lui en 1823, était cultivé dans ses serres depuis plus de 12 ans ; en septembre 1821 , sa tige commença à pousser pour fleurir ; elle grandit seule jusqu'en mars 1823, époque de la floraison, et avait atteint en une année et demie 2o pieds de hauteur ; le capitule de fleurs devait avoir 16 pouces de diamètre. Cette plante était plus forte que celle de M. Mechelynck, qui a fleuri plus vite. Il l'avait reçue de l'Angleterre lorsqu'elle n'avait qu'un pied de hauteur , et 1 pouce et demi de diamètre ; en 7 ans elle avait acquis assez de force pour fleurir. Le 4 février 1833, sa tige commença à poindre et sa fleur s'épanouit le 13 mars 1834, lorsque la tige eut atteint 13 pieds de hauteur. La floraison dura plusieurs semaines.

Au bas de la tige était une couronne de feuilles radicales , de 2o à 30 feuilles dont les plus grandes avaient 3 pieds et demi de longueur sur 4 pouces de largeur ; dilatées et imbriquées à la base , elles se rétrécissaient ensuite pour former un limbe très long , très aigu au sommet. La tige cylindrique avait 2 pouces 1/2 de diamètre, s'amincissait insen- siblement et portait à chaque feuille un bourrelet transversal violàtre. Les feuilles caulinaires étaient élégamment disposées en spirale et avaient la plupart près d'un pied de longueur.

L'inflorescence en capitule avait 24 fleurs dont les extérieures étaient déjà flétries lorsque celles du centre n'étaient pas encore épanouies; le capitule avait un pied de diamètre; chaque branche portait 3 fleurs; les bractées lancéolées, acuminées, fortement nervées, brunes ou rouges supérieurement , étaient vertes au-dessous; les bractéoles plus petites embrassaient la fleur et étaient d'un rouge noirâtre. Les fleurs avaient 6 pouces et demi de diamètre ; les pétales sont de la même largeur à leur base que les sépales ou en diffèrent de bien peu ; les sépales ont à leur sommet un crochet très fort qui dans le bouton les tenait ensemble ; ces organes sont épais et d'un beau rouge cramoisi. Leur côté interne est appuyé surtout au bas contre l'étamine qui tandis que le sépale se déjette en dehors et se reploie, se relève au contraire en se courbant ( Voy. pl. 30 , fig. 4 et 5). L'anthère est violette , avec le dos blanchâtre, les deux locules s'ouvrent avec force et en se repliant montrent une masse prodigieuse d'un pollen vert farineux ,très pulvérulent, plus léger que l'eau dont il s'imbibe difficilement. Vu au microscope, ce pollen , quand il est sec (Fig. 6, A. B. C), se présente comme des graines de lin: il est fusiforme, quelquefois a deux pointes d'un côté. Quand on le mouille, il devient transparent , grossit d'autant plus que l'imbibition se prolonge; il montre alors une dépression qui le fait ressembler à des grains d'orge (fig. 6. D. E. F.) ; mais peu à peu la distension est complètei la fente s'évanouit et le grain pollinique est sphérique , couvert de petites granulations ( Fig. 6. G. ).

L'ovaire m'a présenté une quantité innombrable de semences triangulaires, blanches, mais non mûres. Le style a 3 pouces, 3 angles et 3 sillons; le stigmate â côtés légèrement veloutés. J'ai fécondé artificiellement ce pistil avec le pollen que le vent seul dans les circonstances naturelles aurait pu pousser jusques là.

Entre la base du style et celle des étamines on remarque dans chaque fleur plus d'une once d'une liqueur mielleuse, très sucrée, gluante , qui s'épaissit ou découle sur la tige. La plante sécrète une quantité énorme de ce suc qui continue à se former dans la fleur , détachée au bas de son ovaire; est plongée par cette partie dans un verre d'eau; pendant une nuit une fleur avait sécrété ainsi plus d'un dé à coudre de cette liqueur qui n'a présenté aucun globule au microscope.

Une observation physiologique de M. Mechelynck , c'est que la tige grandissait plus la nuit que le jour , et que lorsque le bouton se forma au mois de septembre, pendant plus de 15 jours, la tige resta stationnaire.

Explication de la planche N° 30.
Fig, 1. Doryanthes excelsa; plante entière réduite au trentième.
Fig. 2. Capitule de fleurs réduite au tiers.
Fig. 3. Stigmate une fois grossi.
Fig. 4. Etamine réduite de moitié.
Fig. 5. Anthère vue de grandeur naturelle.
Fig. 6. Grains de pollen grossi de 120 fois le diamètre.
A. Grain pollinique sec de la forme ordinaire.
B. Id. un peu plus gros.
C. Id. avec deux pointes.
D. Grain pollinique mouillé avec sa fente ou son repli,
E. Id. un peu plus imbu d'eau.
F. Id. où le repli disparait.
G. Grain pollinique pénétre d'eau sans repli et avec ses granulations.

L'Horticulteur Belge
Journal des Jardiniers et Amateurs
sous la direction de M. Ch. Morren
Tome Second
1834
pp. 64-66

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